Discours du ministre des Affaires étrangères de la République d’Arménie à l’inauguration officielle de l’Esplanade d’Arménie à Paris

10 décembre, 2021

Le 10 décembre, en présence du ministre des Affaires étrangères d’Arménie Ararat Mirzoyan et du Maire de Paris Anne Hidalgo, l’inauguration de l’Esplanade d’Arménie a eu lieu. Des députés, des sénateurs, des fonctionnaires, des intellectuels, des représentants de la communauté arménienne ont pris part à la cérémonie.

Dans son discours à l'inauguration, le ministre a, notamment, dit:

“Madame la Maire de Paris, chère Anne Hidalgo,
Mesdames et Messieurs, chers amis et invités,

C’est pour moi un grand honneur d’être présent aujourd’hui, à l’occasion de cet événement historique, à cette cérémonie d’inauguration de l’Esplanade d’Arménie, cérémonie à la fois émouvante et réconfortante, qui suscite un sentiment de fierté et de dignité.

Aujourd’hui, ici, au cœur de Paris, le peuple français ami, honore une nouvelle fois l’Arménie et le peuple arménien. Cet événement est plus qu’un symbole. Un an après la sanglante et éprouvante guerre d’Artsakh, Paris, la capitale de la France, atteste de sa solidarité envers nous, les Arméniens, en ouvrant une nouvelle page lumineuse de l’histoire de l’amitié franco-arménienne et de nos relations privilégiées.

Les relations de l’Arménie et des Arméniens avec Paris ont effectivement une longue histoire pluriséculaire, riche d’exemples de coopération et de liens multiples. Ces relations ont commencé à l’époque du royaume arménien de Cilicie et se sont poursuivies aux siècles suivants, à travers les échanges nourris des marchands arméniens avec la capitale, renforçant ainsi les liens politiques et culturels entre les communautés chrétiennes d’Orient et ce qui est alors le centre de l’Europe. Il est emblématique que le cénotaphe du dernier roi d’Arménie, Léon VI, repose dans une des églises de la banlieue parisienne.

Le rôle de Paris dans la vie de tout le peuple arménien s’est encore accru au début du 20e siècle, lorsqu’après le génocide de 1915, des milliers de rescapés des massacres turcs et leurs descendants ont constitué à Paris et dans sa région la grande communauté des Arméniens de France.

Nous n’oublions pas que Paris est devenu l’un des centres internationaux où, après le génocide, nombre de réfugiés et d’intellectuels célèbres ont trouvé un havre et la possibilité d’une nouvelle vie. C’est ici, à Paris, que grâce à l’hospitalité chaleureuse des Parisiens, ont pu s’établir, vivre et créer des personnalités de renom: Charles Aznavour, Missak Manouchian, Michel Legrand, Henri Troyat, Henri Verneuil, Jansem, Carzou, Zabel Essayan, Chavarch Missakian et bien d’autres. 

Après la chute de la Première République d’Arménie, c’est à Paris qu’ont trouvé refuge et ont pu continuer leur action le gouvernement de la république en exil. C’est à Paris, au Père Lachaise que reposent plusieurs des pères fondateurs de la Première République d’Arménie : Aharonian, Khatissian, Ter Minassian, et d’autres.

La période la plus active de l’amitié chaleureuse avec Paris est liée aux trois décennies récentes, depuis l’indépendance de l’Arménie, où s’est mis en place une coopération solide et compréhensive entre Erevan et Paris. L’un des réussites la plus remarquable de ces dernières années a été l’ouverture de la filiale parisienne du centre arménien TUMO dédié aux technologies créatives, à l’initiative et grâce aux efforts sans relâche de l’actuelle maire de Paris, Madame Hidalgo.

Chers amis,

Je voudrais souligner tout particulièrement que, dès les premiers jours de l’indépendance, Paris a été constamment aux côtés de l’Arménie et du peuple arménien et nous a guidés et soutenus y compris dans les moments les plus sombres. Dans ce contexte, je voudrais rappeler une circonstance historique qui en dit beaucoup sur l’événement que nous vivons aujourd’hui. A la fin des années 1980, lorsque le mouvement du Karabagh venait d’émerger et prenait de l’ampleur jour après jour, Paris a été l’une des rares capitales internationales qui a soutenu le mouvement et pris sous sa protection les dirigeants du mouvement. C’est dans ce contexte que le maire de Paris de l’époque, Jacques Chirac, a accueilli les dirigeants du «Comité Karabagh», le principal mouvement de lutte pour le rattachement de l’Artsakh à l’Arménie, sa mère-patrie, manifestant ainsi son appui aux aspirations du peuple arménien.

Le soutien politique et humanitaire de Paris aux aspirations légitimes des Arméniens d’Artsakh s’est poursuivi au cours des décennies suivantes. Ainsi, l’année dernière, aux heures sombres de la sanglante guerre d’Artsakh, le vote de la résolution en faveur de la reconnaissance du Haut Karabagh du Conseil de Paris, à l’initiative de la maire, Anne Hidalgo, a été un signal fort contre la menace d’extermination physique et de nettoyage ethnique contre le peuple arménien d’Artsakh, un signal adressé autant à la société française qu’à la communauté internationale.

Madame la Maire, chère amie,

Soyez sûre que l’Arménie et le peuple arménien apprécient hautement la valeur de votre amitié sincère et de votre dévouement. Au nom de la République d’Arménie je voudrais exprimer ma profonde gratitude pour votre présence à nos côtés tout au long de ces années, pour votre soutien et pour votre partage de nos peines et de nos joies. Nous nous souvenons avec une chaleur particulière de toutes vos visites en Arménie et soyez sûre qu’aujourd’hui et pour toujours vous êtes attendue en Arménie, à la fois en tant que collègue et qu’amie chère et fidèle.

Grâce à vous, l’histoire de nos relations pluri-séculaires avec Paris s’enrichit d’un nouvel épisode symboliquement important, avec l’inauguration de cette Esplanade d’Arménie qui, dans un même espace comprend la statue du Père Komitas et le jardin d’Erevan. A cette occasion, je voudrais remercier aussi, l’adjoint à la maire, M. Arnaud Ngatcha, pour avoir porté ce projet, ainsi que la maire du 8e arrondissement, Madame d’Hauteserre, pour y avoir apporté son appui. Enfin, je voudrais remercier l’ensemble des membres du Conseil de Paris pour leur vote à l’unanimité en faveur de cette dénomination.

Chers amis, chers invités et chers compatriotes

Pour conclure, à l’occasion de l’inauguration de l’Esplanade d’Arménie, je voudrais nous féliciter tous pour la création de ce nouveau magnifique petit coin d’Arménie au cœur de Paris. Je n’ai qu’un seul souhait : la paix et l’amitié pour les peuples arménien et français, et une longue vie à l’amitié indéfectible entre la France et l’Arménie.

Vive l’Arménie et Vive la France ! Vive Erevan et Paris ! Vive l’amitié entre nos deux peuples !

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