Intervention du Ministre Nalbandian à la Conférence internationale consacrée à la protection des victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient

08 septembre, 2015

Cher(e)s collègues,

L'Arménie est profondément préoccupée par les événements dramatiques qui se déroulent dans son voisinage immédiat - le Moyen-Orient. Nous avons toujours fermement condamné les atrocités, perpétrées par « Daesh » et d’autres groupes terroristes, qui constituent une menace pour les peuples de cette région, et au-delà.

Le peuple arménien représente, depuis des siècles, une composante authentique de la diversité culturelle du Moyen-Orient. Nous sommes reconnaissants aux peuples de cette région, qui ont donné refuge, il y a un siècle, aux centaines de milliers de nos compatriotes, survivants du Génocide arménien. Aujourd'hui, alors que la vie des peuples de la région et l'existence des minorités religieuses et ethniques sont menacées, il est de notre responsabilité morale de leur apporter tout notre soutien.

Ces violences n’ont pas épargné, non plus, nos compatriotes, dont un grand nombre sont tombés victimes des attaques terroristes; des localités, églises, établissements culturels et éducatifs arméniens ont été détruits. Comme il y a cent ans, des dizaines de milliers d’Arméniens, avec d’autres peuples du Moyen-Orient, ont, aujourd’hui aussi, été obligés de prendre le chemin de l’exil. Près de quinze mille Arméniens, venant seulement de Syrie, ont trouvé refuge en Arménie.

Mesdames et Messieurs,

La protection des minorités ethniques et religieuses, qui sont exposées aux attaques des groupes terroristes en Syrie et en Irak, exige de consolider notre action et d'apporter un plein soutien, y compris une aide humanitaire, non seulement aux réfugiés, mais aussi aux communautés, qui sont menacées par ce fléau. Le soutien international doit être apporté, sans distinction, à toutes les victimes.

Ce n'est certainement pas un hasard si les groupes terroristes ont lancé une guerre contre le patrimoine culturel des peuples de cette région. C'est à partir de l’histoire et de la mémoire collective que les générations héritent les valeurs universelles sur lesquelles se basent la civilisation, la solidarité, la coexistence, le respect envers la culture et les religions des autres. Des valeurs qui contredisent l'idéologie de haine, de xénophobie et de ségrégation. La destruction de plusieurs lieux islamiques sacrés, des monuments culturels anciens de Palmyre et de Nimrud, l'explosion de l’église arménienne des saints martyrs à Deir zor en Syrie qui abritait les restes des victimes du Génocide arménien de 1915 et d'autres actes barbares commis par les groupes terroristes constituent des crimes contre la mémoire, l’histoire et la civilisation.

Il est urgent que des mécanismes soient élaborés afin de priver les terroristes de moyens, en entravant l’afflux de combattants étrangers, en s’attaquant à leurs sources de financement, en ne permettant plus l'utilisation des territoires des pays voisins pour les attaques transfrontières. Le droit international rappelle la responsabilité non seulement pour la réalisation des crimes contre l'humanité, mais aussi pour la complicité, et tous ceux qui nient et cherchent des justifications pour les crimes perpétrés dans le passé et encouragent les violences actuelles, ne doivent jamais l'oublier.

Le danger auquel les communautés ethniques et religieuses de la région sont confrontées, représente non seulement une menace physique, mais également un défi lancé au monde civilisé. Autant la communauté internationale pourra se mobiliser et mettre en œuvre des efforts communs afin de lutter contre ce fléau, autant elle montrera sa volonté de protéger ses valeurs civilisationnelles.

Je tiens à remercier les Ministres français et jordanien qui ont pris l’initiative d’organiser cette conférence importante et si opportune.

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